les mercredis sauvages
2023-2024
photographies et son
Les copines que j’ai eues en 5ème, je m’en rappellerai toute ma vie. C’est ensemble qu’on a commencé à vivre.
On a parlé de tout, on a traîné des journées entières dans les rues, on s’est partagé nos goûters et nos histoires d’amour balbutiantes. On s’est habillées pareil, parce qu’on aurait voulu être les mêmes. On est allées à nos premières boums, on s’est aidées à se maquiller, à choisir nos tenues dans lesquelles on s’est senties ou gauches ou femmes. On a regardé nos corps et ceux des autres changer, grandir, et on en a parlé crânement.
Être une fille de douze ans, c’est avoir honte de tout écart de la norme. Le groupe devient refuge et modèle, liberté et carcan : on s’épie et se copie les unes les autres comme on reproduirait des maisons dans une zone pavillonnaire. Chaque pavillon y est identique à celui du voisin, les différences sont lissées jusqu’à obtenir l’illusion quasi-parfaite d’une société uniforme. Le lotissement fait écho aux contradictions de cet âge charnière : indépendance et enfermement, individualité et similitude. La jeune fille fait semblant, et, ce-faisant, devient jeune femme.
Cette série fictionalise l’adolescence d’un groupe de jeunes filles dans une zone pavillonnaire Bretonne. À l’instar des films de récits initiatiques américains des années 80 et 90, j’ai voulu explorer le potentiel dramatique du lotissement français.
EXTRAITS -